Pourquoi jeunes et moins jeunes se font la guerre au travail

Octave Générations, Leadership

Pourquoi jeunes et moins jeunes se font la guerre au travail

 

Article publié initialement le 11 janvier 2017 sur le site Cadre Emploi, par Farah Sadallah

Vous avez certainement déjà été témoins de la guerre qui se joue entre les générations au travail. Ces petites incompréhensions sont dues à l’éducation, à l’histoire, mais aussi aux nouvelles technologies. Mais pas d’inquiétude, elles peuvent être évitées et de manières très simples. Analyse et décryptage.

La génération X, les 35-50 ans, ne supporte pas de voir les petits nouveaux de l’entreprise sans arrêt sur leur portable. Mais ils n’ont pas le temps de s’occuper des jeunes recrues, ni des baby-boomers qui préfèrent rester dans leur coin. Ces situations vous disent quelque chose ? Normal, ces conflits entre générations sont assez fréquents en entreprise. Selon le dernier baromètre 2016 de l’observatoire du management intergénérationnel, ces conflits existent dans plus d’une entreprise sur deux (58 %) en France. Mais les organisations ne changent pas leurs pratiques en interne pour autant, toujours selon l’observatoire.  Exemple avec la génération Y (20-35 ans) : sur 20 % des entreprises qui déclarent prendre en compte les attentes des jeunes dans leurs décisions, seul 14 % d’entre elles adaptent leurs pratiques managériales. Et 10 % des entreprises adaptent vraiment leurs politiques de ressources humaines.

« Il y a des féministes qui agissent mais pas des générationistes »

Malgré l’omniprésence des conflits entre générations au bureau, la prise de conscience a été un peu tardive et s’est révélée être une priorité moindre pour les entreprises, selon Anne Thevenet-Abitbol, directrice éditoriale et artistique du programme Octave, -un séminaire qui traite de la transformation des entreprises à l’ère du numérique en s’appuyant sur l’ensemble des générations-. Elle explique : « les entreprises priorisent davantage la parité homme-femme dans l’entreprise que la bonne entente entre les générations, s’il y a en effet des féministes qui agissent, on n’a pas encore rencontré des générationistes ».

Les 3 causes de la discorde

Dans son dernier baromètre, l’observatoire du management intergénérationnel, identifie les 3 causes majeurs des conflits entre générations.

1. La vision de la hiérarchie

Chaque génération a des attentes différentes envers son manager (souvent issu de la génération 35-50 ans). En cas de problèmes, les plus âgés se tournent davantage vers leur chef car ils ont une vision verticale de la hiérarchie, selon la directrice éditoriale d’Octave. Alors que les plus jeunes ont une vision plus horizontale et iront consulter les réseaux sociaux ou se renseigner sur leurs concurrents. « Les managers plus âgés n’ont pas encore intégré ce mode de fonctionnement », affirme Anne Thevenet-Abitbol.

Mais en même temps, ils n’ont pas de temps à leur consacrer. Selon Marc Raynaud, le président de l’observatoire du management intergénérationnel, les managers de 35-50 ans sont débordés, « c’est la génération qui fait tourner la boutique, mais ils ont aussi une vie de famille et doivent tout gérer en même temps. Et les jeunes sont délaissés ».

2. La gestion du temps de travail

D’où la deuxième cause de conflits observée par l’Observatoire, le rapport au temps. Les jeunes entre 20-30 ans ont une gestion de leur temps de travail qui est différente des autres générations. « Ils ne voient aucun problème à faire des achats sur internet pendant leurs heures de travail pour finir ensuite leurs missions jusqu’à minuit, mais les plus âgés ne sont pas toujours de cet avis, explique Marc Raynaud, et ce décalage génère des conflits ».

3. Le besoin de reconnaissance

L’hyper connexion de la génération Y la rend avide de reconnaissance. Pas étonnant donc que ce soit la troisième cause de conflits. « Tout comme les like sur Facebook, les jeunes ont besoin d’avoir un retour sur ce qu’ils font, positif ou négatif, affirme Anne Thevenet-Abitbol. Alors que pour les anciens le silence des managers, signifie que tout va bien ». Eux cherchent une autre forme de reconnaissance, celle de leur carrière. Selon Marc Raynaud, les baby-boomers souhaitent être plus sollicités pour leur expérience, et transmettre leur savoir. « N’étant pas entendus par les managers qui n’ont pas le temps, ils restent dans leur coin. Ce qui devient d’autant plus problématique car le nombre de travailleurs de plus de 50 ans augmente de plus en plus dans les entreprises », ajoute le président de l’observatoire du management intergénérationnel.

Comment rendre le travail entre génération plus efficace

Comment éviter ces conflits ? Tout d’abord la directrice éditoriale d’Octave ne parle pas de conflits intergénérationnels mais d’incompréhensions. « Il faut d’abord bien se connaître soi-même avant de pouvoir comprendre l’autre et identifier pourquoi une personne issue d’une autre génération agit comme elle le fait ».

D’autant plus que « nos générations ont plus de points en commun qu’elles ne le pensent ». Par exemple, lors d’un exercice organisé par Marc Raynaud dans une entreprise, les collaborateurs ont été répartis par groupe d’âge dans une salle et ils ont dû dessiner les travers des générations des autres groupes. « Chaque génération prend conscience de comment elle est perçue, ils en discutent et sont prêts à s’adapter », explique-t-il.

Le mentoring et le reverse mentoring sont également des solutions utilisées en entreprise. Ils permettent de mettre en binôme un jeune collaborateur et un plus âgé. L’un comme l’autre partage son expérience et son savoir.

Mais encore faut-il savoir bien transmettre. « Il faut apprendre à être pédagogue avant de se lancer dans la transmission de son savoir. Sinon d’autres conflits peuvent émerger » déclare Marc Raynaud.

Le management des âges indispensable à la productivité de l’entreprise

La gestion de carrière est aussi un moyen d’éviter les conflits. Après deux ans passés dans une entreprise, les jeunes de la génération Y ont des envies d’ailleurs. Ainsi des entreprises comme Airbus et PWC, proposent à leurs jeunes collaborateurs après 2 ans d’expériences, de consacrer un jour de leur semaine à une autre mission, dans un autre service. Microsoft fait la même chose avec les plus âgés.

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