3 dimensions pour apprendre à "Manager avec son âme"
A l’heure où les défis se font de plus en plus nombreux pour les entreprises et leurs dirigeants : cycles d’innovation de plus en plus courts, environnement complexe et incertain, attente des nouvelles générations en quête de sens et arrivée de l’Intelligence Artificielle, il s’agit pour le leader de s’appuyer sur de nouvelles ressources et compétences.
En enfants de Descartes, nous connaissons bien l’intelligence rationnelle. Puis nous avons découvert dans les années 90 l’intelligence émotionnelle grâce à Daniel Goleman. Et si nous développions une autre forme d’intelligence ? Celle qui permet au leader de mobiliser les savoir-être et savoir-faire nécessaires pour faire face à ces défis : c’est-à-dire créativité, capacité à fédérer les équipes et engager, développer une vision et surtout sortir de la prison de l’ego qui est souvent la première raison de la chute de ces dirigeants et de leurs entreprises. J’affirme que la mobilisation de la dimension spirituelle est une des clés de la réussite au XXIème siècle, mais sa spécificité réside dans le fait qu’elle ne peut se développer que si elle n’a pas pour finalité première la recherche du profit court terme au détriment des personnes. On ne peut pas tricher avec elle. Le leader spirituel a ceci de particulier qu’il est authentique (ou tente de l’être), il cherche l’unité, l’alignement. Exit les tricheurs et les profiteurs.
Le développement de cette intelligence permet de mieux piloter son entreprise ou sa Business Unit, avec souplesse, agilité en étant capable de se questionner et de laisser les autres vous interpeler, bref de vraiment travailler en intelligence collective.
Comment la définir ? La dimension spirituelle doit tout de suite être distinguée de la dimension religieuse. Pour la cerner, il faut considérer que l’être humain est un composé unifié de trois dimensions : corporelle, psychique et spirituelle. Le spirituel est cette part de l’homme en quête d’absolu, de beau, de bien, de vrai, cette part qui lui fait admettre qu’il n’est pas la fin de toutes choses et qu’il s’inscrit dans un cadre qui le dépasse.
Pour développer cette intelligence spirituelle, je me suis laissée inspirer par Pierre Teilhard de Chardin affirmant que le bonheur (y compris pour le manager) est un chemin de croissance qui comprend trois temps :
1/ Se recentrer dans l’intériorité pour mieux se connaitre, identifier ses valeurs, ses ressources mais aussi ses parts d’ombre et ses croyances limitantes. Il est d’autant plus important de connaitre ses valeurs que les nouvelles générations considèrent que pour réussir il faut être fidèle à ses valeurs à 60% contre 18% pour son ambition (Etude newgen center de l’EDHEC réalisée auprès des étudiants des classes prépa des grandes écoles). Ces millénials considèrent également que pour gagner il faut être fidèle à 60% à la défense d’une cause contre 5% à l’obtention d’un statut et 2% à l’argent.
Ce mouvement vers l’intérieur permet de se ressourcer régulièrement et prendre de la hauteur. Il invite à la réceptivité et à l’accueil de ce qui vient des autres et de plus grand que soi. Il permet de travailler à l’unification de la personne en intégrant les valeurs personnelles dans son action et en accueillant les limites et les fragilités pour en faire des forces. Selon le dirigeant fondateur d’une ETI leader mondial dans son domaine : « La vulnérabilité n’est pas en contradiction avec l’autorité. La vraie autorité nait d’une relation vraie, d’une confiance. Et l’on instaure cette confiance quand on peut se montrer tel que l’on est. On ne peut pas progresser si on n’est pas prêt à se remettre en question ».
2/ Se décentrer dans l’altérité. Il s’agit de s’ouvrir à l’autre, se laisser transformer par la relation et envisager le management en d’autres termes que ceux de pouvoir et de domination. En se décentrant, le manager considère toutes les parties prenantes comme des partenaires offrant des occasions de progresser (y compris les concurrents). Le leader devient ainsi capable de déléguer largement, faire confiance et permet à ses collaborateurs de grandir et de s’épanouir.
3/ se surcentrer pour se situer dans un horizon plus large, c’est-à-dire chercher à donner du sens à son action, découvrir sa vocation profonde et élaborer une vision porteuse pour les autres et pour la planète.
C’est en développant et travaillant ces trois dimensions de manière itérative que le dirigeant peut inscrire son action de manière pérenne dans son environnement et assurer en même temps le succès de son entreprise.
Dans mon ouvrage « Manager avec son âme », 17 dirigeants témoignent de ce cheminement et soulignent comment ce type de travail a même contribué à redresser des entreprises et en faire des leaders mondiaux dans leur domaine. C’est le cas d’Armor entreprise dirigée par Hubert de Boisredon, mais aussi d’entreprises du secteur textile français.
Oser mobiliser son âme pour manager c’est permettre à la fois l’épanouissement de ses collaborateurs, son propre développement humain et la réussite de son entreprise ou de son organisation.
Fabienne Alamelou-Michaille, diplômée de l’ESSEC et théologienne, a exercé pendant dix ans des fonctions de direction au sein du groupe LVMH (marketing et export). Elle a ensuite, de 2002 à 2015, animé des retraites spirituelles et des formations en France et à l’étranger. Elle est la fondatrice du cabinet Leaderslab (coaching de dirigeants).
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