Manager les Millennials

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Manager les Millennials


Manager les Millennials

Article rédigé par Catherine Berliet, pour le webmagazine octave

Travailler et collaborer avec les  millennials, une gageure à  l’aulne de 2020 car ils représenteront la moitié des collaborateurs. Une équation à plusieurs inconnues où les managers auront à jongler avec une complexité où s’invitent choc culturel, fossé générationnel, télescopage de valeurs : implicitement une remise en question à tous les étages de nos modes managériaux. Cette génération n’en finit pas de nous étonner et nous pousse vers une meilleure compréhension de leurs codes, de leurs moteurs et de leur vision du monde. Comment faire alliance avec ces troublions qui mettent à mal nos certitudes ? Comment s’accorder à leurs idéaux,  à leurs aspirations et refondre nos façons de les piloter ? Nous avons pointé 4 défis :

# Déchiffrer leur mantra : « fun at work »

Ils aspirent au bien-être au travail, à la convivialité, au lien, à l’enthousiasme et à des modus vivendi respectant leur liberté d’action. Que le travail soit une joie, une récréation, oui ! Mais de là à transformer « open spaces » en salles de jardin d’enfants, ou à songer qu’un babyfoot fera l’affaire… Ils veulent des lieux de partage où le co règne et favorise la pollinisation des idées. Ils veulent aussi des temps d’échange « open-bar » sans formalisme.

Managers ne vous méprenez guère, si les séduire passe par une ambiance ludique, il ne s’agit pas de les infantiliser, ni de surjouer la gamification. Leurs aspirations sont autres et s’incarneront dans un univers collaboratif honorant leur côté libertaire. Le management visuel sera votre clé et vous les rallierez autour de méthodologies utilisant la facilitation graphique (design thinking, scribing…) inscrivant visibilité et en instaurant des boucles de feed-back au long cours.

 # Larguer les amarres, hisse et ho

Animés par un esprit de conquête, ils veulent bouger, changer, se décadrer, évoluer, dussent-ils le faire en interne. Ils voient leur évolution professionnelle comme un voyage au long cours pour découvrir de nouveaux horizons et conquérir d’autres territoires. Leurs besoins : apprendre et monter en compétence,  riment avec amélioration professionnelle continue sur le tempo du « Si je veux quand je veux » assorti du « Tout tout de suite ». L’étude d’Accenture en 2017 montre que leurs motivations à rester dans une entreprise sont : acquisition des compétences, contenu du travail et environnement technologique.

Manager qu’avez-vous à leur offrir ? Une carrière toute tracée, un monde lisse orchestré autour de grilles RH ou la promesse d’un monde foisonnant, d’ évolutions minutes, de prises de risques et d’épisodes ébouriffants. Formez et responsabilisez-les tout en leur donnant la barre. Vivez avec eux une épopée dont ils seront les héros et nourrissez-les d’expériences inspirantes qui les fassent grandir.

 # Vilipender l’autorité

Haro sur les petits chefs qu’ils méprisent, et sur le travail en silo qui thrombose  leur autonomie et leur créativité. L’autorité les hérisse, ils sont en quête d’élan vital, de dynamisme, en demande de personnes « ressource » à l’écoute et de facilitateurs au leadership bien trempé, sévèrement humanisés, qu’ils adouberont ou prendront comme mentor, à l’envie. À cet égard, certains baby boomers auraient adoré modéliser leur légèreté face à la hiérarchie, en particulier quand ils osent répliquer tout de go au recruteur qui les questionne : « Je suis obligé de vous répondre là ? »

Managers pourquoi vous évertuer à les faire rentrer dans des cases, des normes, des process et à user de votre contrôle dont ils n’ont cure ?  Séduisez-les par votre influence car ni vos diplômes, ni votre expertise ne suffiront à les embarquer. Donnez-leur envie, en songeant que ce terme contient le mot vie. Vous adopterez la posture du manager coach, celui qui emmène et fait monter en compétence en se remettant en question et en naviguant au plus près de leurs attentes : nomadisme et flexibilité.

# Jouer la transparence et honnir la duplicité

Ils veulent du sens, de la transparence et gardent une grande lucidité sur le monde qu’ils aimeraient bien changer.  Très sensibles aux carabistouilles ils n’adhèreront pas aux totems affichés, si ces grands cris de guerre Corporate sont cosmétiques. Ils préfèreront être associés à de grands desseins ou à de vrais projets qui les mobiliseront au long cours avec une fierté d’appartenance.

Vous jetterez vos manuels de « management pour les nuls » et considérerez ces millenials comme des corsaires qui aspirent à leur lettre de marque ou de course pour combattre en toute indépendance… Votre management sera sous le sceau de la vigilance, de la patience, de la bienveillance et réflexivité.*

*Réflexivité : L’intérêt de la réflexivité porte sur l’intensité du regard posé sur soi dans des circonstances bien particulières, sans narcissisme ni nombrilisme, mais avec un œil aiguisé sur ses pratiques, sur son identité personnelle et professionnelle, son rapport aux institutions, à la hiérarchie, à l’équipe, au savoir et au changement.

Catherine Berliet : Directrice associée du Cabinet Conseil éponyme.
20 ans d’expérience en conseil, formation et coaching pour de grands comptes. Catherine Berliet accompagne managers et jeunes talents dans leur quête de leadership et pratique le coaching d’organisation. Co-fondatrice des « Rives d’Argentière » lieu d’exception pour séminaires d’Entreprises. https://www.lesrivesdargentiere.com/
Auteure : »Et si j’avais du charisme » Eyrolles

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