Transformer l’entreprise avec le pouvoir du kiff
Il y a deux ans je proposais une idée pour hacker le système de reconnaissance de mon entreprise. Je travaillais dans un grand groupe en conduite du changement, et je constatais les limites des systèmes de reconnaissance traditionnels des organisations.
« Il y a le savoir-faire et le faire savoir ».
Voilà le type de phrase qu’on me répétait pour me faire comprendre les règles du jeu de l’entreprise. Forcément quand la reconnaissance est à la main d’une ou de deux personnes, généralement la RH et le manager qui ne peuvent pas tout voir et tout savoir, la visibilité compte parfois plus que les résultats. Et effectivement en interne comme sur les réseaux sociaux, c’était le boom de l’auto-promotion, du « personal branding ». Tout le monde était tellement focalisé sur le faire savoir qu’on en oubliait de faire.
Difficile de faire vivre la collaboration dans ce contexte.
Guerres internes, manque de communication, projets sans fin, défiance envers le management, satisfaction client au plus bas, enquêtes internes catastrophiques… je constatais les conséquences du désengagement en entreprise. Et cela me frustrait d’être impuissante face aux oubliés du système : ces collègues impliqués et talentueux, reconnus par tous, sauf par ceux qui avaient le pouvoir de les reconnaître.
La « digital attitude »
A côté de cette « expérience collaborateur », je travaillais sur des sujets de culture digitale et ça me sautait vraiment aux yeux. Les systèmes de reconnaissance des entreprises sont en décalage profond avec les principes de contribution, de participation et de coopération sur lesquels reposent le numérique. On lançait d’énormes chantiers de transformation sans questionner les modes d’organisation hérités des révolutions industrielles : verticaux, verrouillés et obsédés par le contrôle.
Et je suis devenue corporate hacker.
Mon entreprise organisait un hackathon interne sur le thème de l’expérience. Clairement ils s’attendaient à des idées pour améliorer l’expérience client, mais comme je suis convaincue qu’améliorer l’expérience de ses collaborateurs est le meilleur investissement pour ses clients, j’ai proposé mon idée de reconnaissance collaborative. Le concept était simple : on permettait à chacun de remercier les personnes de son choix en les récompensant avec des tags comportant une valeur financière. L’écho fut immédiat au moment de tester le concept auprès des salariés. J’ai découvert plus tard que 7 salariés sur 10 souffraient d’un manque de reconnaissance (étude Cadremploi et Deloitte 2015). On peut dire que l’enquête terrain a vite confirmé ce chiffre. Nous avons donc travaillé avec une petite équipe un Proof Of Concept qui nous a valu de remporter la compétition.
Vers l’infini et l’au-delà.
Après le hackathon on me proposa de présenter l’idée à de nombreux Directeurs. Celui en charge de la Banque fut séduit par le concept et proposa de le tester auprès de ses 840 salariés. Ils initiaient justement un projet de transformation digitale et cherchaient à devenir une entreprise où il fait bon vivre. Le concept fut rapidement validé : 85% des salariés avaient adopté l’outil et 96% en étaient satisfais après 6 mois d’utilisation. Je n’eu pas besoin d’attendre ces résultats pour quitter l’entreprise et me lancer dans l’aventure Cocoworker. J’étais convaincue qu’il fallait consolider l’idée et suivre mon instinct.
L’ « empowerment », en concret.
J’ai donc lancé Kiff by Cocoworker, une solution de reconnaissance entre collègues basée sur les soft skills. A la différence de l’idée originale, Kiff est un outil de développement professionnel en plus d’être un système de reconnaissance collaboratif. Chaque salarié dispose d’un nombre de kiffs limité par mois à attribuer aux personnes qu’il souhaite reconnaître et révéler. Pour envoyer un kiff, le collaborateur doit identifier une qualité parmi les 6 soft skills proposées dans l’outil et considérées comme indispensables pour le futur du travail. Ce feedback positif, formateur et entièrement transparent a également une valeur financière qui peut se transformer en primes, en cadeaux et en dons aux associations. Par exemple, chaque salarié quel que soit son poste ou sa fonction, peut disposer de 3 kiffs par mois d’une valeur unitaire de 5€ à attribuer aux personnes qu’il souhaite valoriser dans l’entreprise pour son savoir-être et son engagement. En plus de responsabiliser les collaborateurs en leur partageant le pouvoir de reconnaissance en entreprise, l’outil met l’intelligence collective au service du développement professionnel de chacun.
« Lorsque la confiance se répand, elle engendre en retour une responsabilisation. » Frédéric Laloux
En rendant les salariés acteurs de leur développement et de leur épanouissement professionnel, Kiff leur donne envie de s’investir plus dans leur travail et les encourage à collaborer au sein de l’organisation. Il s’agit d’un véritable outil de changement qui engage aussi bien l’entreprise que le collaborateur. En plus de révéler de nouveaux talents et de renforcer la solidarité dans les organisations, je suis convaincue qu’il parviendra à aider les salariés et les entreprises à grandir et s’épanouir dans le nouveau monde du travail. C’est en tout cas la mission que nous souhaitons accomplir chez Cocoworker.
Faustine Duriez, pour le webmagazine Octave
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